1895 – Le 27 avril rupture de la digue de Bouzey

LA RECONSTRUCTION

La navigation interrompue, il fallut d’abord rétablir dans sa forme primitive le bief de partage des eaux qui avait été détruit en partie lors de la catastrophe.

En 1900, il fut décidé la construction d’une digue provisoire à Bouzey, pour une retenue de 1 500 000 m3 seulement, au lieu des 7 000 000 m3 contenus par le barrage primitif. Et ceci en raison des craintes bien légitimes exprimées par les habitants de la vallée de l’Avière.

Les ailes de l’ancien barrage furent conservées et, dans la partie centrale terminée en 1902, le profil précédent fut maintenu, mais le mur ne s’éleva qu’à la cote de 365.10 soit 7 mètres de moins qu’en 1878.

La réserve d’eau ainsi constituée ne pouvant suffire à alimenter le canal de l’Est, on compléta ce dispositif par la construction, en 1903, d’une usine de pompage de l’eau de la Moselle. “L’usine élévatoire” fut donc implantée en aval d’Épinal, Avenue de la Fontenelle. Primitivement actionnée par des machines à vapeur, elle fut électrifiée en 1927.

Cette installation pouvait pomper dans la rivière environ 600 litres d’eau par seconde et les élever à quarante- deux mètres de hauteur par l’intermédiaire d’une rigole d’alimentation de trois kilomètres de longueur qui se déversait dans le canal de l’Est, à Bois l’Abbé. 

Comme prévu, la réserve d’eau de Bouzey se révélant vite insuffisante pour satisfaire aux besoins de la navigation, on eut recours, quatre années sur cinq, aux services de l’usine élévatoire. Mais ce prélèvement dans la Moselle constituait une gêne considérable pour les industries (blanchisseries, brasseries, usines électriques, etc…) installées en aval de la station de pompage qui souffrirent ainsi considérablement de la baisse du niveau de la rivière. Elles élevèrent alors de vigoureuses protestations.

Leur appel fut entendu et le 30 mars 1922, une décision ministérielle ordonna le rétablissement de la retenue à sa cote primitive (371.50). Mais, par manque de crédit, les travaux ne purent être entrepris qu’à partir de 1930.

L‘ancienne digue fut conservée ainsi que les fondations primitives, seul le parapet disparut. En aval de l’ancien mur, la partie la plus épaisse du barrage fut établie, constituée par une masse énorme d’enrochements, rangés à la main et d’un volume total de 150 000 m3.

Une légère couche de béton égalise la surface du parement amont, non plus construit sur un plan vertical, mais sur un plan incliné, donc moins sensible à la pression de l’eau. Et sur le parement d’amont s’appuie un masque de béton armé étanche qui se développe depuis la crête du barrage jusqu’à l’ancien mur en maçonnerie où il est buté, par un talon également en béton armé, lui-même ancré à la maçonnerie du mur.

Des joints de dilatation ont été prévus transversalement, et rendus étanches par des étoupes goudronnées.

Les moellons, en grès métamorphique, de la nouvelle digue, proviennent de la carrière de la Colosse près de Bains-les-Bains. Ils ont été acheminés par péniches et déchargés sur les lieux de construction par un transbordeur aérien de 1700 mètres de longueur, reliant le canal à la digue. 

L‘ouvrage a été terminé en 1939 et sa mise en eau a débuté aussitôt. C’est la digue telle que nous la connaissons aujourd’hui, plus de cent ans après la catastrophe.

  • Crédit photo Vosges matin
  • Texte et illustration tirés du fascicule publié lors du centenaire de la catastrophe de Bouzey.